Causerie mensuelle du CIRA-Marseille.
Tricheux était un de ces innombrables « petits », « sans-grades »,
ignorés de tous. Pas à pas, de centres d’archives en service d’état
civil, en passant par des compagnies de transports transatlantiques dont
les dossiers avaient sombrés à jamais, nous avons suivi le personnage.
Nous avons ainsi pu rencontrer le mécontentement des paysans des
Corbières, la grève générale des planteurs de tabac à La Havane et les
manifestations de soutien à Sacco et Vanzetti à Toulouse, lieux où
Tricheux avait vécu. Des publications diverses, cubaines, françaises et
bien sûr, toulousaines ont enrichi les luttes, les meetings et les
innombrables réunions.
Peu à peu, sa figure émergeait des archives et retrouvait sa stature
d’alors. De son vivant il avait fait l’objet d’investigations
« rapprochées ». Il avait été suivi, surveillé, fiché par les
Renseignements généraux qui avaient amassé sur lui et ses amis de
nombreux rapports et compte rendus.
C’est ainsi que Toulouse, après Cuba et les Corbières, devait nous
permettre de comprendre ceux qui gravitaient autour de lui, Les
compagnons de lutte, les amis et les adversaires bien sûr mais aussi les
groupes sociaux et politiques, ce milieu dans lequel non seulement il
vivait et travaillait mais qu’il voulait changer.