Causerie mensuelle du CIRA-Marseille.
Né
à Mayence (Allemagne), et mort aux États-Unis en 1958, Rudolf
Rocker (1873-1958) a été durant des décennies une des figures
marquantes de l’anarchisme et de l’anarcho-syndicalisme au niveau
international. Pourtant, il demeure encore peu connu en France. La
récente publication du livre collectif Rudolf
Rocker ou la liberté par en bas
apporte au public
francophone des éléments essentiels pour connaître sa vie et ses
idées. En attendant, peut-être, de nouvelles traductions de ses
œuvres, elle devrait inciter tous ceux qui sont soucieux de penser
les conditions d’une véritable émancipation sociale à revenir à
ses écrits déjà traduits en français.
Dans
le pays qui fut le berceau de la social-démocratie internationale et
du marxisme de parti, dont on mesure chaque jour l’ampleur de
l’échec historique, Rudolf Rocker démontre qu’une autre voie
était possible, qu’il s’employa sa vie durant à explorer malgré
des difficultés de tous ordres et les différents visages que prit
la contre-révolution.
Il
s’agira ici de rappeler quel fut son itinéraire en insistant sur
deux aspects : sa contribution au mouvement anarcho-syndicaliste
allemand et à l’Association internationale des travailleurs de
Berlin, fondée en 1922, et sa critique du bolchevisme et de l’Union
soviétique.
Alors
que ce que l’on nomme par antiphrase le « débat d’idées »
est de plus en plus dominé par des faussaires réactionnaires
auxquels le « pluralisme » médiatique oppose quelques
rares nostalgiques du « camp socialiste » et de « l’idée
communiste », Lénine et Mao à la boutonnière, la lecture de
Rudolf Rocker apporte une bouffée d’air frais et quelques idées
claires sur les fondements de l’émancipation sociale, en
particulier sur le fait que « la dictature est le moins adapté
de tous les moyens pour donner naissance à une nouvelle communauté
humaine ».
À contretemps,
« Rudolf Rocker ou la liberté par en bas », Les
Éditions Libertaires et éditions Nada, 2014, 300 pages,
18 euros.