Causerie mensuelle du CIRA-Marseille.
Trop
jeunes pour mourir : ouvriers et révolutionnaires face à la
guerre (1909-1914) raconte l’histoire de
l’opposition ouvrière à la montée vers la guerre, et notamment
celle de sa fraction antimilitariste et « antipatriote »
la plus radicale, incarnée par la Fédération communiste anarchiste
(FCA), qui menace ouvertement de « saboter la mobilisation ».
Animée par de jeunes ouvriers révolutionnaires de la « génération
de 1906 », cette organisation était jusqu’ici très mal
connue, n’ayant fait l’objet d’aucune étude spécifique.
En suivant
le fil rouge de la FCA, ce livre dévoile le contexte de
l’avant-guerre, souvent éclipsé par le cataclysme de 1914, et
explore le mouvement ouvrier d’alors : son organisation, ses
passions, ses fractions, ses controverses, ses petites et ses grandes
luttes.
Il fait le
récit des grèves des PTT en 1909, du rail en 1910, du bâtiment en
1911, marquées par le sabotage des lignes de communication et par la
« chasse au renard ». Il narre les grandes affaires :
Ferrer, Aernoult-Rousset, Métivier, Bonnot. Il raconte
l’enthousiasme de la FCA pour la Révolution mexicaine, six ans
avant la Révolution russe. Il explique la force motrice qu’a
représenté l’hebdomadaire La
Guerre sociale, adoré puis renié par les
révolutionnaires. Il aborde la résurgence de l’antisémitisme et
de l’antimaçonnisme en 1911, et les affrontements du Quartier
latin.
Le livre
explore également une période négligée du syndicalisme
révolutionnaire français, alors que l’âge « héroïque »
de la CGT (1901-1908) est révolu et que, frappée par l’État,
elle se déchire sur la stratégie à adopter. Il pointe la montée
des femmes et de la « main d’œuvre étrangère » dans
le débat syndical à cette époque. Enfin, dans un climat
militariste et belliciste que l’on peine aujourd’hui à imaginer,
il détaille la répression contre les syndicalistes et les
anarchistes : le retour des « lois scélérates » de
1894, la menace du bagne militaire (« Biribi »), du
Carnet B et du peloton d’exécution.
Guillaume
Davranche (né en 1977) est journaliste et chercheur indépendant en
histoire sociale. Il a codirigé le Dictionnaire
biographique du mouvement libertaire francophone,
dit le « Maitron des anarchistes ».
Cette œuvre collective réalisée sous les
auspices du CNRS et de l’université Paris-I a paru le 1er mai
2014 aux éditions de l’Atelier.